Patagonia fabrique désormais toutes ses shells avec des matériaux recyclés et dans des usines Fair Trade Certified ! C’est en tout 62 Shells responsables qui sont proposées cet hiver avec du contenu recyclé jusque dans les vestes les plus techniques de la gamme, comme la veste Ascensionist 3 couches (la plus légère des vestes techniques destinée aux activités rapides et intenses) désormais conçue en nylon 100% recyclé ou la SnowDrifter (veste légère et stretch, idéale pour le ski de randonnée) fabriquée dans une matière 3 couches extensible recyclée à 70%. Pour en savoir plus sur cette facette “éco responsable” de la marque, nous avons testé la veste Ascensionist et interviewé Wendy Savage la directrice de la chaîne fournisseur.
TEST VESTE PATAGONIA ASCENSIONIST
Avec un poids de seulement 371g, l’Ascensionist est conçue à la base pour les sorties alpines qui nécessitent d’être léger et d’aller vite mais ce modèle est également particulièrement adapté pour la pratique du ski de rando. En effet, il n’est pas rare de laisser la veste au fond du sac pendant une montée entière et une veste légère et compact a tout son sens. Surtout quand ses performances n’ont rien à envier aux modèles plus lourds.
Avec sa membrane en Gore-tex C-KNIT, l’Ascensionist peut affronter des conditions sévères. Son imperméabilité et sa respirabilité sont irréprochables.
Des caractéristiques qui sont largement suffisantes pour une utilisation en ski de rando.
La veste est bien compressible et se fait oublier au fond du sac.
Côté confort le Gore-tex C-KNIT est plus extensible et surtout plus agréable qu’un Gore-Tex classique avec une matière beaucoup plus douce.
Le reste de la veste est assez classique et minimaliste mais avec tout ce qu’il faut pour évoluer en montagne.
On trouve des aérations zippées sous les bras.
Côté poches, la veste dispose de 2 grandes poches ventrales et une petite poche sur le torse.
La capuche Optimal Visibility Hood et adaptée au port d’un casque et réglable en deux points, avec visière laminée pour une meilleure visibilité dans les conditions difficiles.
Bref, une veste simple et efficace qui possède tout ce qu’il faut pour le ski de rando !
CARACTERISTIQUES
- – Matière GORE-TEX Active 3 couches légère, imperméable et respirante, avec doublure C-KNIT® ; douce, confortable et conçue pour évoluer rapidement
- – Capuche Optimal Visibility Hood, adaptée au port d’un casque et réglable en deux points, avec visière laminée pour une meilleure visibilité dans les conditions difficiles
- – Zips de ventilation double sens apparents sous les bras, qui résistent à l’eau et facilitent l’aération ; manches offrant une liberté de mouvement irréprochable, pour pouvoir lever les bras sans que la veste se soulève
- – Poignets munis d’une fermeture à scratch minimaliste fabriquée dans la même matière ; système de serrage à bloqueurs intégrés Cohaesive™ doté de deux points de contact au bas du vêtement pour un réglage intuitif en un seul geste
- – Coutures minimalistes renforcées à l’aide d’une bande étroite pour réduire le volume
- – Deux poches chauffe-mains avec zips déperlants, placées en hauteur pour ne pas gêner sous un baudrier ou la ceinture d’un sac à dos ; une poche poitrine extérieure passepoilée, côté gauche, munie d’un zip traité avec un apprêt déperlant durable (DWR) ; une poche fourre-tout intérieure extensible
- – Réflecteur RECCO® intégré. Confection Fair Trade Certified™.
- – 371 g
INTERVIEW WENDY SAVAGE – Directrice de la Responsabilité sociale et de la traçabilité de la chaîne d’approvisionnement
Pouvez-vous me parler de votre poste chez Patagonia et me dire en quoi il consiste ?
Je m’appelle Wendy Savage, je suis Directrice de la Responsabilité sociale, de la traçabilité et du bien-être animal. Je travaille chez Patagonia depuis bientôt huit ans. Notre équipe est chargée de ce qui concerne nos ouvriers, notamment en matière de droits de l’Homme. Pour la traçabilité, nous nous assurons de savoir exactement où sont fabriqués nos produits, en essayant d’aller jusqu’à la ferme pour le coton, les moutons ou le duvet. Nous nous occupons des conditions de travail des ouvriers et du traitement des animaux. Avec la traçabilité, nous gérons aussi les demandes de contenu, y compris tout ce que vous pouvez lire sur notre site web. Mon équipe vérifie tout pour s’assurer que nos déclarations sont fidèles à ce que nous faisons, qu’elles concernent la chaîne d’approvisionnement, la certification, le bien-être animal ou les programmes internes.
En quoi Patagonia est-elle en avance (par rapport aux autres marques) en matière de transparence ?
La transparence va dans tous les sens : de la part de nos fournisseurs à notre égard, et de notre part à l’égard de nos clients. Tout d’abord, nous demandons dès le départ à nos fournisseurs, que nos usines ou quiconque voulant s’impliquer auprès de Patagonia nous fasse savoir qui sont leurs partenaires ou quelle est leur chaîne d’approvisionnement. Par exemple, si nous nous approvisionnons en laine, nous voulons savoir d’où elle provient. Si nous voulons utiliser des fibres recyclées, nous voulons savoir d’où viennent ces fibres. Afin d’être transparents à l’égard de nos clients, nous devons d’abord être transparents avec nos fournisseurs, et cela fait partie de nos impératifs. Nous ne nous attendons pas à ce que la chaîne d’approvisionnement soit parfaite, cela n’existe malheureusement pas, et nous ne sommes pas parfaits non plus, mais tout commence par la transparence et la volonté de s’améliorer. Cela va dans les deux sens.
Comment les consommateurs peuvent-ils se servir de la responsabilité sociale et de la traçabilité d’une entreprise pour faire la différence et améliorer le système ? Comment être un consommateur éthique ?
Aujourd’hui, les consommateurs ont un grand pouvoir entre les mains. Ils peuvent choisir de voter avec leur argent et la manière dont ils le dépensent. Ils peuvent par exemple faire des recherches sur notre site web et apprendre à connaître nos produits. Il existe aussi des organisations qui notent les marques selon leurs pratiques en matière de droits de l’Homme ou de développement durable. Les consommateurs peuvent également se fier à des certifications, comme le Fairtrade. C’est un label qui assure que toutes les usines dans lesquelles nous faisons fabriquer nos produits respectent certaines normes, et il en va de même pour les matières recyclées, biologiques ou le duvet traçable. Nous ne nous contentons pas de dire ce que nous faisons, des tierces parties indépendantes le prouvent. La certification Fairtrade couvre les droits de l’Homme. Nous avons aussi en Europe la Fair Wear Foundation, qui est la référence pour les labels en matière des droits de l’Homme. Elle étudie tous nos programmes et procède à un audit tous les trois ans, dont le rapport est mis en ligne pour que les clients puissent le consulter. Les consommateurs ont beaucoup de pouvoir de nos jours !
Comment partagez-vous vos découvertes avec le secteur dans son ensemble ?
Nous parlons de collaboration entre marques, et cela fait partie de notre éthique d’inciter les autres à nous emboîter le pas. Nous savons que seuls, nous ne pourrons pas apporter de changement, mais qu’il faut que tout le secteur pèse sur le changement, quel que soit son domaine : environnement, droits de l’Homme ou bien-être animal. Par exemple, par le biais de notre adhésion à la Fair Wear Association, nous nous engageons dans des collaborations entre marques dans le domaine des droits de l’Homme. Nous coopérons beaucoup avec d’autres marques pour les fibres et le recyclage via la Sustainable Apparel Coalition, pour tout ce qui a trait à la chaîne d’approvisionnement. Nous intervenons dans différents événements : nous avons récemment participé à la Surf Industry Manufacturing Association Conference, et partagé une partie de notre travail avec d’autres marques et fournisseurs qui veulent aussi entamer un parcours de Responsabilité sociale d’entreprise (RSE). Nous voulons fournir les outils et les informations pour que les autres n’aient pas à réinventer la roue. Nous sommes heureux de partager tout ce que nous avons appris grâce à nos programmes.
Que faire ensuite?
L’un de nos objectifs dans le domaine des droits de de l’Homme est l’obtention de salaires équitables. C’est une tâche difficile à faire comprendre à tous, pas seulement dans le secteur du vêtement ou de l’outdoor, mais partout. Obtenir des salaires équitables pour chaque employé dans le monde est une tâche importante qui devra impliquer l’industrie et les gouvernements, mais nous y travaillons. Il est important d’étudier les pratiques d’achat à chaque niveau de l’organisation pour parvenir à ce point. Ce sera un parcours difficile, mais les salaires équitables sont un objectif pour lequel nous travaillons dur. Nous mettons beaucoup d’informations concernant nos programmes sur notre site web, et nous publions également un livre sur la responsabilité environnementale et sociale chaque année. Nous travaillons aussi à une page « salaires équitables » sur notre site web. C’est la principale préoccupation de nos clients et des ONG. Nous aurons prochainement plus d’informations à ce sujet sur notre site web.
Pourquoi, en particulier, pensez-vous que la communauté du sport devrait s’intéresser aux méthodes de production et aux ouvriers qui fabriquent leurs vêtements ?
Nous n’aurions pas de vêtements, ni quoi que ce soit d’autre, sans les ouvriers qui les fabriquent. Il existe un niveau extrême de pauvreté au sein de la chaîne d’approvisionnement, et il est important de traiter ce problème, particulièrement pour les consommateurs d’aujourd’hui. Ils attendent des marques qu’elles prennent leurs responsabilités à ce sujet. Mais il va aussi de la responsabilité du consommateur de pousser au changement. Cela peut faire défaut lorsque les marques ne souhaitent pas s’impliquer dans l’amélioration de la vie des ouvriers à travers le monde. C’est aussi difficile pour nous chez Patagonia, quand nous nous associons à d’autres marques et que nous voulons réaliser ce changement pour plus d’ouvriers. Donc, si les clients ne posent pas la question « qui fabrique mes vêtements, mes produits ? », les marques et les usines n’ont pas forcément besoin de faire des efforts dans ce domaine. Les clients peuvent demander un certain niveau de qualité, ou des coloris différents, et les marques leur répondent, mais nous voulons que plus de clients demandent qui a fabriqué les produits et comment. Je pense que dans la communauté outdoor, les clients sont plus connectés non seulement à notre environnement, mais aussi aux droits de l’Homme. Nous voyons comment cela a contribué au mouvement dans notre secteur, et que les clients comprennent ce qui est derrière le produit, pas seulement les matériaux, mais aussi qui l’a fait !
Les consommateurs ont des droits. Vous donnez de l’argent à des marques pour un produit, donc vous devez exiger ces informations. Je travaille dans la Responsabilité sociale depuis 17 ans, et quand j’ai commencé ma carrière, c’étaient les ONG qui posaient ouvertement des questions aux marques et non les consommateurs. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui ! Avec l’accessibilité aux informations, ces questions viennent des clients, et notamment des clients jeunes. Il y a des lycéens qui nous demandent qui a fabriqué leurs produits. Les marques qui ne se préoccupent pas de ce sujet dans leur chaîne logistique resteront à la traîne. Nous essayons de pousser plus de marques à rejoindre le mouvement, mais nous avons besoin que plus de consommateurs nous rejoignent et s’y intéressent aussi !
Shell Yeah :
Est-ce que c’était difficile de faire une collection complète de 62 vestes avec confection Fair Trade, tout en étant techniques et recyclées ?
Il est très difficile de faire une collection complète de produits recyclés, techniques et équitables. Il nous a fallu des années et beaucoup d’ajustements en interne. Notre équipe matériaux devait attendre que les matériaux soient disponibles en version recyclée, et que ces matériaux aient exactement les mêmes propriétés, pour fabriquer un produit qui soit durable. L’aspect recyclé seul a pris beaucoup de temps et a été très difficile. Pour l’aspect responsabilité sociale, cette gamme de produits est fabriquée dans 2 ou 3 usines différentes. Il nous a donc fallu plusieurs années pour qu’elles parviennent à bien le faire. Elles relevaient de la Fair Wear Foundation depuis des années, mais elles devaient encore passer le niveau d’exigence suivant pour le Fairtrade. Elles ont collaboré avec les milliers d’ouvriers de chacune des usines pour décider comment utiliser la prime qu’ils gagneraient dans le cadre du programme Fairtrade. Il a fallu organiser tout cela avant de pouvoir sortir la collection, et toute la marque y a travaillé. Ce n’était pas un seul service, cela a impliqué les employés du service financier, les ouvriers ici et à travers le monde. C’est l’effort de toute une entreprise, c’est pourquoi nous sommes si heureux de fêter cette réussite.
Vous étiez déjà là quand ce concept a été proposé ? Quelle a été votre réaction ?
Il y a eu tellement de réunions où quelqu’un a dit : « Passons au 100 % ! » Quand j’ai commencé ici, lors de l’entretien, notre PDG a dit : « Ici, chez Patagonia, nous vous demandons d’être idéaliste ». C’était la première fois que j’entendais cela dans un entretien. Ces moments où on s’est dit « allons-y à 100 % », ce sont les moments idéalistes. Nous ne disons pas que rien n’est impossible : nous savons que personne ne l’a fait auparavant, ce qui le rend plus difficile, mais en même temps, c’est génial de se dire que si nous y parvenons, nous pourrons influencer les autres pour qu’ils suivent notre exemple. Si nous parlons spécifiquement des trois usines où nous fabriquons les vestes Shell Yeah, toutes les autres marques qui s’approvisionnent dans ces usines peuvent à présent faire la même chose. Donc c’est ce que nous voulons faire : nous ne voulons pas être la seule marque à payer des primes Fairtrade, nous voulons que les autres marques en payent aussi, ou utilisent des fibres recyclées. Plus nous serons nombreux à le faire, plus l’impact sera grand.
Cette collection consiste donc à répondre au besoin en équipement technique, mais produit d’une manière qui soit bonne pour l’environnement et pour les personnes ?
C’est ce que nous faisons tout le temps, pour chaque produit.
Nous mettons la priorité sur les vestes Snow Drifter et Ascensionist. Pouvez-vous nous en dire plus sur les usines où elles sont fabriquées ?
Elles sont toutes les deux fabriquées au Vietnam, dans une super usine, qui a passé tous les processus et qui obtiendra bientôt sa prime.
Avez-vous un exemple de la manière dont les usines où sont fabriquées ces vestes pourraient dépenser leur prime fairtrade ?
J’ai des tas d’exemples ! Mon préféré, c’est au Sri Lanka, où la prime a servi à construire une crèche pour les enfants des ouvriers. Pour tout parent qui va au travail toute la journée, savoir que vos enfants sont en lieu sûr et qu’on s’occupe bien d’eux, c’est un changement de vie complet. Elle a été intégralement financée par la prime Fairtrade, sans rien prélever sur leurs salaires, et a eu un impact immédiat. D’autres usines se servent de leur prime pour envoyer leurs enfants au lycée, pour des bons alimentaires, des ordinateurs permettant à leurs enfants d’étudier ou bien des réfrigérateurs. Il leur aurait fallu économiser des années pour les acheter, et cela change vraiment la vie des ouvriers et de leur famille. Pour moi, ces résultats n’ont pas de prix. Il n’y a pas de plus beau retour sur investissement que de savoir que les primes ont un impact qui va au-delà des ouvriers et de leur famille.
Article Patagonia préféré :
Je préfère les vestes en duvet, je cours dans le froid même en Californie ! Mon premier projet ici chez Pata, c’était le duvet traçable. J’ai vu les fermes d’élevage des oies, j’ai tracé la chaîne d’approvisionnement et travaillé pour faire certifier le duvet de la ferme à l’usine. C’est l’histoire de ma carrière chez Pata, du côté animal, alors j’adore. J’aime tous les produits fairtrade, pour moi c’est le point fort de ma carrière, que le FT soit devenu possible chez Patagonia. C’est un rêve pour tout passionné de RSE !
L’aventure la plus fantastique :
Le sommet du Kilimandjaro. Je l’ai fait avant Pata, avant de connaître quoi que ce soit sur l’équipement, donc j’étais très mal équipée. J’ai réalisé l’ascension et ça a été une aventure merveilleuse.
Lieu de plein air préféré
J’ai un lien spécial avec l’océan, je ne surfe pas, mais l’océan me donne une sensation de liberté. Je suis née à Lima, au Pérou, près de l’océan Pacifique, puis j’ai vécu à Los Angeles, et ensuite à Nice, tout près de la mer. J’ai décidé de toujours vivre près de l’océan, pour la liberté qu’il me donne. Je me consacre beaucoup à tout ce qui concerne la pollution et les animaux marins.