Notre test des chaussures Key Equipment Disruptive
Pas simple de parler chaussure. Obtenir les modèles en test est un parcours du combattant et les faire tourner à des testeurs aux pointures et aux pieds tous différents n’est pas simple non plus. C’est d’autant plus complexe avec une chaussure rigide. N’ayant en plus que très peu de concurrence, voir pas de concurrence directe, nous ne savions pas sous quel angle présenter les Disruptives ( il n’existe que 3 modèles, les Keys Equipment, les Phantom slipper au US, ou la Gignoux). Malgré tous ces freins, nous avons eu la chance d’avoir une paire de Disruptive de Key Equipment en test à la rédaction (Merci TAL!). L’occasion de les mettre à l’épreuve durant une longue période et sur tous les terrains. Bon, le nom est un peu prétentieux, certes, mais sur le papier il est vrai qu’elles ont tout pour « casser le game. » Une hard boot dédiée à la pratique du split, qui mêle les avantages des coques à la montée et le confort et la fluidité d’une soft à la descente. Rien que ça. Vous imaginez facilement à quel point nous étions impatient de les tester.
Nous n’allons pas vous mentir, ce ne sont pas des chaussons dès la première utilisation. Avec la variété énorme de type de pied d’une personne à l’autre, il est impossible de produire une coque parfaite pour tout le monde. Lorsque l’on est habitué au confort des softboots, la première fois que l’on rentre les pieds dans une chaussure de ski, ce n’est pas vraiment la sensation de confort qui nous inonde. Pourtant, elles sont clairement beaucoup plus confortables que les Backland avec link lever par exemple.Cependant le gros atout d’une coque rigide est qu’elle est personnalisable. Les skieurs le savent bien mais il est bon de le rappeler aux snowboardeurs pur et dur adeptent de soft. En se donnant un peu la peine de faire des essais et des modifications on peut obtenir une paire parfaitement adaptée à sa morphologie. Surtout que ce modèle se prête parfaitement bien à la customisation.
Le chausson est thermoformable et vous pouvez faire modifier la coque chez un bootfitter pour l’élargir pile où vous voulez. La partie rigide de la languette est interchangeable pour ajuster le flex. Elle est entourée d’une chaussette néoprène qui permet de jouer sur l’épaisseur (pour le maintien de la cheville) et aussi pour l’étanchéité. Il existe même des scratchs plus longs en option pour élargir le coup de pied si besoin.
Bref premier point fort, une multitude de réglages envisageables qui font qu’en y passant un peu de temps, on peut obtenir une chaussures parfaitement adaptée à son pied et à ses envies.
C’est un investissement chronophage mais tout ces petites ajustement vous éviterons bien des pépins (ou des crampes !) pendant une longue sortie, un raid ou même lors d’un voyage.
Montée
Avec un poids de 1450g par pied en 26.5 (299mm), contre 870g pour les Atomic vous vous doutez bien que le confort n’est clairement pas le même. On est sur deux usages bien distincts. Les Atomic Backland Ultimate Carbon avec les link lever de Phantom sont clairement un modèle qui va privilégier la vitesse à la montée. Tout va dans ce sens, débattement plus important, poids et donc confort minimal, étanchéité et chaleur limité, et manip’ de transition plus rapide. Le contraire des Disruptives, conçu plutôt pour une pratique quotidienne dans toutes les conditions. C’est plus lourd, certes, mais c’est pour être plus chaud, plus confortable et plus étanche. Le but est d’avoir une seule paire à tout faire, et pas 4 paires dans le quiver. Le débattement est un peu moins grand que chez Atomic mais c’est déjà bien supérieur à n’importe quelle boots du marché, même celles avec un mode « marche ». A noter que la friction au niveau de l’ailette interne autour de la cheville, qui pouvait occasionner une gêne avec un petit « clac » quand le premier crochet n’était pas fermé à la montée, a été rectifiée. Il est possible maintenant d’acheter des wings de rechange pour pallier ce défaut et éviter la friction.
Nous n’allons pas trop nous étendre sur les avantages spécifiques de la hard boot, nous vous invitons à relire l’article dédié dans le N°46. Mais on retrouve les avantages habituels, la semelle rigide et le meilleur maintien de la cheville apportent de la précisions en mode ski, et plus de sécurité sur la carre quand la neige devient dure. C’est encore plus flagrant en 4 parties que sur un split classique, où le gain de précision est tout de même limité du fait de la largeur au patin d’un snowboard tranché en deux. On gagne du temps un peu partout avec les Disruptives : chaussage/déchaussage plus rapide avec les pins et les plaques à la descente ; pratique sur les sorties où il va falloir parfois marcher puis rechausser pas loin sur un replat ou pour traverser un ruisseau. Le cramponnage est lui aussi plus rapide, les hard boots permettent une compatibilité avec des crampons full-auto bien plus rapide et fiable, parfait pour les sorties plus alpines. Les crochets avec scratch peuvent paraître un peu archaïque mais ils se révèlent totalement efficaces, et permettent un multitude de réglages et d’ajustements même rapidement pendant la montée lorsque le pied gonfle avec l’effort.
Lors de la transition, on ne perd pas trop de temps, les deux crochets peuvent être soit fermés dès le départ, soit ouverts lors de la montée, puis fermés juste avant de dropper. Le levier du mode marche lui, n’est pas ultra ergonomique, il est difficile à manipuler avec des moufles. Cela pourrait être l’un des seuls points négatifs de cette chaussure.
Descente
Avec le levier arrière qui se bloque seulement dans un sens, la flexion est possible vers l’avant même en mode descente, cela apporte énormément de souplesse (peut être même trop pour les puristes de la hardboots habitués à un appuie languette franc). Mais pour nous, c’est parfait, cet amorti progressif rend l’ensemble plus tolérant et plus proche du comportement d’une soft boot. C’est particulièrement appréciable quand la neige devient pourrie ou difficile à rider dans un terrain bien labouré. Attention tout de même à la planche avec laquelle vous allez associer ces chaussures. C’est plus tolérant que des hard boots classiques mais ça reste du rigide. Il faut prévoir une planche pas trop exigeante sinon vous risquez de vous retrouver avec un combo vraiment énergivore et qui ne tolérera aucune erreur. Toute les planches ne match pas avec des hard boots, il faut avoir ce paramètre à l’esprit lorsque l’on passe sur des coques. La Disruptive n’est pas en reste quand le besoin d’être précis se fait ressentir. Dans le raide et sur neige dure la semelle rigide va venir apporter un soutien rassurant. On vient chercher la finesse avec la base du pied, c’est la rigidité de la semelle qui apporte la réactivité et la précision. La sensation est un peu celle d’une boot assez souple mais avec une semelle Vibram raide. Il faut un petit temps d’adaptation au départ mais cela apporte plein d’avantages. Les transferts de carre à carre sont incisifs, la carre back est ultra réactive et sur la pointe des pieds dans une pente un peu raide et gelée on se sent plus en sécurité. Dans la poudreuse, pas de soucis « on est tous champion du monde » alors franchement vous ne sentirez pas la différence avec des soft. La seule divergence est que vous serez plus frais pour en profiter car vous aurez utilisé moins d’énergie à la montée.
Conclusion
En conclusion, je dirais que cette chaussure nous a permis de franchir totalement le pas vers les hard boots, elle a fini de nous convaincre quant à l’efficacité de ce genre d’outil pour la rando. Elle gomme l’un des gros freins habituellement reproché aux hard boots, le côté exigeant à la descente. Ici, le travail sur le développement de ce modèle permet de retrouver un feeling assez proche de celui d’une soft. La tolérance à la descente rend encore plus appréciable les gains à la montée, plus question de faire des sacrifices entre efficacité lors de l’ascension et plaisir à la descente. Avant il y avait les 4 parties pour les randonneurs purs et durs, maintenant il y aussi les Disruptives ! Et avec un combo hard boots / 4 parties vous allez pouvoir aller aussi haut et aussi vite que les skieurs.
Confort/chaleur
customisation
précision à la montée
feeling softboots à la descente
faible débattement
levier peu ergonomique
poids
A noter que la nouvelle version se voit dotée d’un levier mieux dessiné et plus ergonomique que le précédent, la languette se voit désormais retirer la partie néoprène pas si utile que ça a mon sens. Reste toujours un défaut / inconvénient souvent constaté, le velcro coup de pied très court qui nécessite soit changement direct pour un plus long ou démontage/remontage pour gagner 2/3 cm de plus en longueur!